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La rétention des eaux d’incendie en France dans les bâtiments industriels

Des pompiers interviennent sur un incendie dans une usine.

Article actualisé le 11 août 2025

La rétention des eaux d’incendie dans les bâtiments industriels est une obligation réglementaire en France.
Cette mesure de sécurité vise à empêcher les eaux d’extinction d’un incendie de se propager hors du site industriel et de contaminer l’environnement. Elle est obligatoire pour tous les établissements recevant du public (ERP) et les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE).
Aujourd’hui, avec l’augmentation des risques industriels et la prise de conscience environnementale, la rétention des eaux d’incendie s’impose comme un élément essentiel de la stratégie de sécurité des entreprises. Les autorités renforcent régulièrement les contrôles afin de garantir la conformité des sites, et les exploitants doivent anticiper ces exigences pour éviter sanctions et risques environnementaux.

Problématique des eaux d’extinction d’incendie

En cas d’incendie, les eaux d’extinction peuvent être très polluées par les produits chimiques utilisés pour l’extinction ou par les débris de l’incendie. Si elles ne sont pas collectées et traitées, ces eaux peuvent polluer les sols, les nappes phréatiques et les cours d’eau.
La pollution des eaux par les eaux d’incendie peut avoir des conséquences graves sur l’environnement et la santé humaine. Elle peut notamment entraîner la mort de poissons et d’autres animaux aquatiques, la contamination des nappes phréatiques et la pollution des sols.
La présence croissante de mousses extinctrices fluorées (PFAS) soulève aujourd’hui des préoccupations particulières, car ces composés sont très persistants dans l’environnement. Les solutions de rétention doivent donc être conçues pour confiner efficacement ces polluants persistants et permettre leur traitement adapté avant tout rejet.

Les exemples de pollution par les eaux d’incendie en France

En France, il existe de nombreux exemples de pollution des eaux par les eaux d’incendie.

  • En 2013, un incendie s’est déclaré dans une usine de produits chimiques à Rouen. L’incendie a duré plusieurs jours et a nécessité l’intervention de plus de 2 000 pompiers. Les eaux d’extinction ont été contaminées par des produits chimiques et ont pollué les sols et les nappes phréatiques. Les conséquences de cette pollution sont encore aujourd’hui difficiles à évaluer.
  • En 2014, un incendie s’est déclaré dans un entrepôt de stockage de produits pétroliers à Lyon. L’incendie a duré plusieurs heures et a nécessité l’intervention de plus de 1 000 pompiers. Les eaux d’extinction ont été contaminées par des hydrocarbures et ont pollué la Saône. La pollution a eu un impact important sur la faune et la flore du fleuve.
  • En 2019, un incendie dans une usine de traitement des eaux à Toulouse a provoqué la pollution de la Garonne par des produits chimiques. Cette pollution a eu un impact important sur la faune et la flore du fleuve, et a également contraint à la fermeture de plusieurs plages.
  • L’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen en 2020 a pollué l’environnement sur plusieurs centaines de kilomètres carrés. L’usine disposait d’un bassin de rétention, mais celui-ci était insuffisant pour recueillir l’ensemble des eaux d’extinction.
  • Plus récemment, en mai 2024, un incendie a éclaté dans un transformateur électrique d’un réacteur de la centrale nucléaire de Paluel (Normandie). Lors des opérations d’extinction, le système de rétention a été saturé par le volume important d’eau utilisé. Une partie de ces eaux, contaminées par des hydrocarbures et des produits d’extinction, s’est retrouvée dans un réservoir secondaire non conçu pour ce type de contamination. Sans analyse préalable de tous les paramètres (notamment la présence d’hydrocarbures), ce réservoir a été vidé dans la mer, entraînant le rejet de 691 m³ d’eaux polluées, contenant 46 mg/L d’hydrocarbures — soit neuf fois plus que la limite autorisée. En tout, environ 32 kg d’hydrocarbures ont été déversés en Manche.
    L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a souligné que cet incident faisait suite à un problème similaire déjà survenu en 2021, pointant clairement une défaillance du système de rétention prévu et un manque de mise à jour des dispositifs malgré les engagements pris après le premier incident.

Comment retenir les eaux d’incendie ?

La rétention des eaux d’incendie consiste à collecter, contenir et isoler temporairement les eaux utilisées pour l’extinction afin d’éviter leur dispersion dans l’environnement.
Elle peut être mise en place à l’extérieur ou à l’intérieur des bâtiments, en fonction de la configuration du site, de la nature des risques et des contraintes techniques ou réglementaires.

  • Rétention extérieure : généralement assurée par un bassin de confinement ou un réservoir dédié, situé à proximité des zones à risque. Ces dispositifs sont dimensionnés pour accueillir un volume précis d’eaux polluées et sont construits en matériaux étanches et résistants aux agents chimiques. Les eaux collectées sont ensuite pompées et traitées avant rejet ou élimination.
  • Rétention intérieure : adoptée lorsque la configuration des lieux ou les exigences d’exploitation ne permettent pas un bassin extérieur. Elle repose sur des solutions de confinement temporaires ou permanentes (barrières, clapets, obturateurs de canalisations, fermetures étanches) qui empêchent l’écoulement des eaux vers l’extérieur ou le réseau d’assainissement.

Dans les deux cas, un dimensionnement précis et un plan d’intervention clair sont essentiels :

  • Évaluer le débit potentiel d’eau d’extinction en fonction des moyens de lutte contre l’incendie présents (sprinklers, dévidoirs, canons à eau, etc.)
  • Prendre en compte la nature des produits susceptibles de se mélanger à l’eau (hydrocarbures, solvants, PFAS…)
  • Garantir un déclenchement rapide et fiable du système, y compris en cas de coupure d’énergie

La stratégie optimale associe souvent les deux approches : un confinement immédiat à l’intérieur du bâtiment, suivi d’un transfert vers une zone de rétention extérieure sécurisée, afin de limiter les risques de débordement et d’optimiser le traitement des eaux.

Rétention des eaux d’incendie en bassin extérieur

La réglementation française concernant la rétention des eaux d’incendie est définie par l’arrêté du 17 juin 2014 relatif aux prescriptions générales applicables aux installations classées pour la protection de l’environnement soumises à déclaration sous la rubrique n° 4432. Cet arrêté impose aux établissements classés pour la protection de l’environnement (ICPE) d’être équipées d’un bassin de rétention d’une capacité suffisante pour recueillir les eaux d’extinction d’un incendie.
Le volume du bassin de rétention est calculée en fonction de la superficie du bâtiment, du volume d’eau nécessaire pour éteindre un incendie, et de la nature des produits stockés dans l’établissement.
Les bassins de rétention doivent être construits en matériaux imperméables et résistants au feu. Ils doivent également être équipés d’un système de drainage permettant d’évacuer les eaux vers une station d’épuration ou vers une zone de rejet contrôlée.
Depuis 2024, la réglementation annoncée l’année précédente se concrétise par des arrêtés préfectoraux renforcés, imposant des volumes de rétention accrus et des dispositifs de confinement plus rapides à mettre en œuvre.

Rétention des eaux incendie en bâtiment

Quelques fois, seule la rétention sur site est possible. Cela nécessite des installations telles que des barrières anti-pollution, des obturateurs de canalisation ou des systèmes pour fermeture étanche de bouche d’égouts.

  • Les barrières de rétention de type”Pollu stop” : ce dispositif peut être installé aussi bien sur des bâtiments neufs que pour des projets de réhabilitation. Il est particulièrement adapté pour les portes d’accès, des quais de chargement ou des cellules de stockage. Ces barrières peuvent être déclenchées manuellement ou automatiquement en réponse à un signal (SSI, sprinklage, etc.). Il est certifié CE, TUV et LGA, et son installation est réalisée par des installateurs certifiés MASE. Les barrières Pollu Stop intègrent des systèmes de contrôle connectés, permettant la surveillance à distance.
  • Les barrières de rétention de type “Pollu Gate” : ce système est idéal pour contenir les eaux d’incendie ou prévenir la pollution dans diverses situations telles que les portes d’accès, les cellules de stockage ou les zones de dépotage. Le déclenchement de la barrière Pollu Gate se fait automatiquement, sans avoir besoin d’une source d’énergie électrique ou pneumatique, et sans intervention humaine. Elles sont conçues pour résister à des pressions hydrauliques importantes et sont conformes aux normes environnementales européennes.
  • Les obturateurs de canalisation de type “Pollu Plug” : un obturateur permanent de canalisations, couvre des diamètres allant jusqu’à 2,1 mètres. Il permet le confinement des eaux d’incendie et des polluants dans les canalisations ou sur les zones de dépotage. L’obturateur peut être déclenché de manière manuelle ou automatique à distance, grâce à un signal SSI, GSM ou une fréquence radio. Cette fonctionnalité facilite le contrôle et l’activation rapide de l’obturateur, offrant une grande flexibilité d’utilisation.
  • Les fermetures étanches de bouche d’égouts : ces systèmes de couverture offrent une protection fiable contre l’infiltration de matières nocives dans les canalisations, même dans des conditions extrêmes. L’un des avantages clés de ce système réside dans sa capacité à être démonté et réutilisé lors de révisions nécessaires, ce qui n’est pas possible avec une fermeture en béton.

La rétention des eaux d’incendie n’est plus seulement une exigence réglementaire : elle constitue un élément central de la prévention des risques industriels et environnementaux. Les récents incidents démontrent qu’un système mal dimensionné ou obsolète peut entraîner des conséquences graves, tant sur le plan écologique que juridique. Investir dans des dispositifs performants, adaptés aux nouvelles réglementations et capables de se déployer rapidement, c’est protéger à la fois l’environnement, la continuité d’activité et la réputation de l’entreprise.

MSEI Environnement met à votre disposition ces différentes solutions pour la rétention des eaux d’incendie. N’hésitez pas à nous contacter pour trouver la solution adaptée à votre structure. Notre bureau d’études vous accompagnera dans la sélection de vos dispositifs afin de garantir votre conformité aux nouvelles réglementations.